Son harceleur, un cadre de la mairie socialiste de Léognan (Gironde, 10 723 habitants) en charge des manifestations et cérémonies, a été condamné en mai dernier. A neuf mois de prison avec sursis et à 6 000 € de dommages et intérêts, ainsi qu’en atteste le jugement affiché publiquement en mairie.
Une secrétaire de direction de la collectivité, employée depuis trois décennies, éprouve de grandes difficultés à se reconstruire après les faits de gestes déplacés et de propos sexistes dont elle a été victime entre 2018 et 2022.
La secrétaire de direction dit avoir subi des pressions au moment où sa parole s’était libérée : celles du cadre incriminé l’appelant au silence, et celles d’un autre responsable lui laissant entendre que sa réputation s’en trouverait fortement entachée si elle parlait.
Cette femme de 61 ans estime d’ailleurs faire l’objet de l’opprobre de nombreux concitoyens depuis qu’elle a décidé de porter l’affaire en justice. En dépit d’un accompagnement psychologique, elle se trouve en incapacité de reprendre le travail.
Selon un collectif de vingt-quatre citoyens qui s’est formé pour la soutenir, la collectivité serait en défaut quant aux garanties de mise en sécurité de la salariée. Rien n’aurait été fait en ce sens depuis quatre mois que le jugement est rendu, ce dont la municipalité se défend.
Le maire indique que la fonctionnaire a été changée de service et qu’elle bénéficie de la protection fonctionnelle. Le cadre avait par ailleurs fait l’objet d’une mise à pied de trois jours après enquête interne en 2022. Il n’avait en revanche pas effectué le stage de sensibilisation qu’il lui était demandé de suivre.
La collectivité dit rester en attente de la notification officielle du jugement pour aller plus loin dans son application. Elle précise avoir écrit au Parquet à la fin du mois dernier pour accélérer cette communication.
Màj 30/09/2025. L’affaire agite la section PS Léognan-Les Graves et les instances nationales. Le parti a prononcé cinq exclusions d’adhérents en lien direct avec les faits. Dès juillet, la commission de lutte contre le harcèlement et la discrimination a évincé définitivement le harceleur, ainsi que le chef du pôle sports à qui est reproché des pressions contre la victime (mais qui oppose avoir agi en tant que syndicaliste).
Le directeur de cabinet du maire est également exclu du parti pour deux ans. La directrice de communication et une autre employée non cadre, pour un an.
Sources
Sud Ouest toutes éditions, 29/09/2025, p4
Sud Ouest Gironde, 30/09/2025, p12
